Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

Pages

mercredi 6 avril 2011

Before Sunrise - Richard Linklater (1995)


Jeune américain de passage en Europe, Jesse aborde Céline, étudiante française, dans un train entre Budapest et Vienne. A Vienne, il lui demande de descendre pour l'accompagner dans une visite de la ville pendant les 14 heures qui le séparent du décollage de son avion pour les Etats-Unis. Amusée, peut-être séduite, Céline accepte.


La grâce, le charme, la simplicité et la poésie pure, c'est tout cela qui nous accompagne tout au long de ce véritable miracle filmé que constitue Before Sunrise. Grande révélation du cinéma indépendant américain du début des 90's Richard Linklater avait avec ses deux premiers films Slacker et Générations Rebelles ancré ses thèmes autour des interrogations d'une jeunesse américaine paumée, en plein doute sur son avenir. Before Sunrise, pure comédie romantique, semble marquer une rupture avec cet immédiat début de carrière mais en offre au contraire un prolongement idéal que ce soit narratif (l'unité de temps et de lieu de Slacker et Dazed and Confused est reprise et encore plus poussée), stylistique (le tournage à la dure des deux premier films a rendu possible l'exploit de mise en scène immersive de Before Sunrise au budget plus élevé) et thématique puisque ces questionnements juvéniles acquièrent une aura universelle dans un type de film tout différent.

Une ligne de train européenne entre Budapest et Vienne. Un wagon agité par la dispute d'un couple bruyant. La jolie voisine française dérangée décide de changer de place et se retrouve à côté d'un jeune touriste américain en vadrouille. La conversation s'engage, ils sympathisent, une certaine alchimie, séduction s'installe mais voici que l'on est déjà arrivé à Vienne où il doit descendre alors qu'elle poursuit sa route jusqu'à Paris. Coup de tête, coup de foudre, il décide de lui demander de passer la journée avec lui jusqu'à son départ le lendemain pour prolonger ce moment et elle accepte. La magie peut commencer... Un pitch simplissime qui n'est finalement qu'une sorte d'étirement (et jusque dans l'idée de la résolution) de la première moitié de la célèbre comédie romantique Elle et Lui. Tellement simple et tellement plus à la fois...

L'argument de la narration en temps réel donne une fougue et une liberté au récit qui se prolonge dans la mise en scène de Linklater, extraordinaire par sa justessse et surtout son invisibilité, entièrement au service des déambulations et des états d'âmes de ses personnages. Ce qui lui importe c'est de capter avec une infinie délicatesse la naissance d'un sentiment amoureux, ce dont il parvient subtilement à plusieurs reprise tel ce court moment dans le train où Jesse (Ethan Hawke) narre un anecdote triste de son enfance et que la caméra s'attarde longuement en plan fixe sur le regard de Céline soudainement attendrie, troublée et amoureuse.

Notre couple arpente donc une Vienne idéalisée et romantique, échangeant réflexions et anecdotes sur leurs vie, le monde dans lequel il vivent, les relations hommes/femmes. L'alchimie entre Ethan Hawke et Julie Delpy est fabuleuse et tout deux sont confondant de simplicité et de naturel. Lui nous touche par sa gouaille dissimulant mal un côté emprunté où se dévoile une vraie fragilité. Quant à Julie Delpy, difficile de ne pas en tomber amoureux durant le visionnage tant elle mêle espièglerie, l'assurance d'une fille de son temps et la pure candeur qui sommeille en toute jeune fille amoureuse. Linklater les accompagne par de longs plans séquences à travers une Vienne rêvée, des plans fixe où rien n'existe plus que le regard de l'un plongé dans celui de l'autre.

Si les échanges sont constamment prenants, c'est pourtant lorsqu'ils s'amenuisent (parler constamment permet finalement d'éviter d'aborder l'essentiel) que le cadre se fait plus intime tel ces aveux touchant sur un banc dans une ruelle sombre, où ce silence à l'écoute d'un disque où les deux se cherchent et se fuient du regard en même temps. Les rencontres anodines et magiques créent des souvenirs inoubliables pour ce moments unique (le poète impovisé, la voyante) et le verbe se fait plus disert au fil de l'arrivée du jour et de la séparation inéluctable. Les derniers instants du film sont un vrai déchirement tant a appréciés cette balade en amoureux et en ces temps pré portable, msn, facebook et autres Linklater ose la chute divinement romantique en forme de point d'interrogation pour la suite de leur histoire. Magnifique.

Le film malgré un Ours d'Or au festival de Berlin (et une nomination au prix du plus beau baiser au MTV Movie Award et oui) ne rencontrera guère de succès mais marquera durablement tout ceux qui le verront et deviendra culte au fil des années grâce à la vidéo. Et grâce au carton de Rock Academy, Linklater pourra en 2005 tourner une suite tardive et tout aussi belle Before Sunset avec les deux acteurs. On en reparle demain !

Sorti en dvd zone 2 français chez Warner ainsi que sa suite.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire