Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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vendredi 2 décembre 2011

Le Fantôme de Sarah Williams - Waking the dead, Keith Gordon (2000)



1972. Fielding Pierce, un jeune étudiant en droit ambitieux et Sarah Williams, une jeune fille idéaliste et militante, tombent amoureux l'un de l'autre. A son contact, Fielding apprend à s'intéresser à de nobles causes, tandis qu'elle-même s'emploie à pondérer ses discours. Mais Sarah meurt victime d'un attentat en compagnie de deux chiliens... Dix ans plus tard, Fielding est sur le point de réaliser ses ambitions politiques. C'est alors que surgissent des hallucinations et la présence de Sarah se fait plus pressante.

Un joli film sur le thème toujours passionnant de l'obsession amoureuse, surtout quand on y mêle une dimension surnaturelle. Keith Gordon acteur dont on se souvient dans le Pulsions de De Palma ou Christine de John Carpenter signait là le film le plus reconnu d'une carrière de réalisateur entamée depuis la fin des 80's.

Dès l'ouverture le film est placé sous le signe de l'absence avec l'annonce télévisée de la mort tragique de Sarah Williams (Jennifer Connelly) sous les yeux horrifié de son fiancé Fielding (Billy Crudup) tandis que la caméra parcours la pièce et les souvenirs liée à la disparue. Dès lors la narration fonctionne à double niveau entre passé et présent.

Le passé, c'est le coup de foudre et l'histoire d'amour entre Fielding et Sarah. Ils sont liés par un même idéalisme et volonté de changer les choses mais empruntent des directions différentes. Lui fréquente les haute sphères et nourrit des ambitions politiques élevées tandis qu'elle donne dans un activisme militant risqués. Gordon multiplie les bonne idées pour souligner les personnalités de chacun (le monologue de Fielding lors du premier déjeuner) et l'alchimie entre les deux acteurs rend cette histoire d'amour intense tant dans la passion que le conflit lorsque leurs mondes s'opposent inexorablement.

Le présent voit un Fielding mener sa première grande campagne électorale et soudainement assaillit par le souvenir de Sarah. Les vas et vient entre les époques les font se répondre à travers les divergences politiques du passé se reflétant dans le présent et dévoilant peu à peu les raisons de la disparition de Sarah. L'obsession de Fielding est supposée être autant dû à l'angoisse de la campagne qu'à de vraies réapparition de l'au-delà de son aimée ou plus fou encore le fait qu'elle ne soit jamais vraiment morte mais ait disparue pour suivre ses convictions. L'approche de Keith Gordon est donc toute en retenue entre le psychologique ou le fantastique feutré. C'est un peu le problème puisque ce frein ne s'équilibre jamais vraiment et aucune des deux directions n'est aboutie et explorée alors que les implications politiques et émotionnelles du script (le politicien aux dents longues en devenir serait il rattrapé par sa bonne conscience à travers ce souvenir ?) amènent leur lot de réflexions potentiellement intéressantes.

Sur le fantastique la mise en scène est trop quelconque (ces horribles fondus blanc lors des flashbacks digne d'un téléfilm) et timorée lors des apparitions de Sarah et pour le psychologique même s'il ne démérite pas Billy Crudup est bien trop léger pour traduire le délabrement mental du héros. Il manque un vrai instant d'emphase qui nous happerait et évacuerait tout réalisme mais il n'arrivera jamais (dans cet entre-deux un film comme Quelque part dans le temps était bien plus réussi, en remontant plus loin Le Portrait de Jennie également). Le récit touche parfois mais n'emporte jamais vraiment.

La sensibilité à fleur de peau du film permet néanmoins d'être pris notamment grâce à la belle prestation de Jennifer Connelly. Elle alterne registre charnel et passionné avec une présence plus évanescente et rêvée avec un même talent et exprime parfaitement l'attraction suscitée par cette femme au-delà des mots, du rêve et du souvenir. Malgré les défauts du film, la fascination exercée par l'actrice maintien l'intérêt même si le résultat aurait pu être bien meilleur. Le tout s'achève néanmoins sur un beau moment avec des retrouvailles brèves et touchantes dont la réalité offre un beau point d'interrogation final et apaise enfin notre héros.
Sorti en dvd zone 2 français chez M6 Vidéo

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