Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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dimanche 24 juin 2012

Vaquero - Ride, Vaquero!, John Farrow (1953)


La guerre de Sécession passée, un ancien colonel sudiste du nom de Cameron (Howard Keel) arrive dans une région frontière au sud du Texas pour y reconstruire sa vie avec sa femme Cordelia (Ava Gardner). Or Cameron choisit une région où une bande de desperados menés par Jose Esqueda (Anthony Quinn) impose sa loi. Esqueda est contre tout progrès et s'oppose aux lois en compagnie de celui avec qui il a été élevé, un fin tireur nommé Rio (Robert Taylor). Entre la détermination de 2 hommes pour faire plier l'autre, Rio est attendrie par le charme de la belle Cordelia et compte bien ne pas en rester là ...

Plutôt spécialiste du film noir, John Farrow signe là une incursion remarquable dans le western (on lui doit aussi l'excellent Hondo n peu plus tard dans le genre) dans une veine romanesque voisine de Duel au soleil. Ride, Vaquero n'égale pas ce glorieux modèle la faute à un scénario à la construction un peu déséquilibrée (des personnages quittent et reviennent dans l'intrigue pendant de longues minutes sans raison) mais le trio d'acteurs et la tournure psychologique de leurs relation rend le tout captivant à suivre. L'histoire dépeint l'affrontement entre les nouveaux propriétaires terriens fraîchement installés à la frontières mexicaines et les bandits locaux voient ces arrivés d'un mauvais œil car l'arrivée de la civilisation et ses lois signifierait aussi la fin de leurs exactions.

Le redoutable chef des desperados José Esqueda (Anthony Quinn) va ainsi s'opposer au plus courageux des propriétaires Cameron (Howard Keel) qui va le défier publiquement après qu'il ait brûlé sa maison. Pourtant derrière ces grands enjeux, d'autres plus intimes se dessinent. Rio (Robert Taylor) frère adoptif et taciturne homme de main de José va tomber amoureux de l'épouse de Cameron Cordelia (Ava Gardner) ce qui va bouleverser l'équilibre des forces en présences et semer le trouble dans les relations liant les protagonistes.

Un des grands atouts du script de Frank Fenton est d'éviter avec brio de rendre ses personnages conventionnels. Le plus prévisible semble être Cameron typique de l'américain courageux prêt à défendre ses terres bec et ongles mais une péripétie inattendue le grandit encore quand il épargnera Rio pour au contraire s'appuyer sur lui pour étendre son domaine et gagner la confiance des autres mexicains de la région. Howard Keel amènent une droiture et un charisme formidable au personnage. Le grand méchant incarné par Anthony Quinn devient un être totalement déséquilibré par l'abandon de son frère, aux réactions incohérentes et uniquement guidées par sa détresse affective. L'acteur apporte une nuance surprenante à une figure de brute épaisse à laquelle il donne une vraie fragilité sans atténuer sa violence.

C'est bien sûr avec la relation entre Robert Taylor et Ava Gardner que ce parti pris s'avère le plus prenant. Tout de noir vêtu, la mine glaciale et totalement détaché de ce qui l'entoure, Taylor campe un être désabusé qui a renoncé à tout. Une attitude ébranlée par l'amour qu'il se découvre pour Ava Gardner et qui va lui faire trahir son frère. Ava Gardner (dans un rôle bien plus intéressant que Lone Star son grand western) est parfaite en enjeu romantique pour lequel tous se déchirent et absolument envoutante lorsqu'on devine peu à peu ses sentiments basculer pour Rio dans deux scènes formidables.

Alors qu'elle a l'occasion de tuer Anthony Quinn, sa volonté vacille en pensant que Rio sera tué. Plus tard face à Rio elle prend conscience de ce qui l'a fait réellement renoncer et lui cède (tout en affirmant le contraire dans le dialogue) et dans ces deux moments Ava Gardner est absolument prodigieuse de culpabilité et d'émotions contradictoires.

Il est dommage que le récit patine un peu après cette montée en puissance et la conclusion est assez maladroitement amenée et expédiée. John Farrow ne retrouve pas la sophistication de ses films noirs dans sa mise en scène ici (malgré quelques beaux morceaux de bravoures tout de même comme cette cavalcade nocturne entre Howard Keel et Robert Taylor) mais néanmoins offre un formidable pic émotionnel lors du duel final entre Robert Taylor et Anthony Quinn. Beau western.

Sorti en dvd zone 2 français chez Warner, copie pas fameuse... Et contrairement à la bande-annonce ci-dessous le film est bien en couleur comme le montre les captures.

2 commentaires:

  1. Intéressant ! Merci de signaler ce film dont je n'avais, je l'avoue, jamais entendu parler !!
    C'est une vrai fiesta Ava Gardner sur ce blog, ces derniers temps ! ;-) On ne peut que s'en féliciter. Photo (sublime) d'accueil oblige, sans doute !

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  2. Hé hé oui je me fais un petit cycle en ce moment jusqu'ici Jennifer Jones était l'actrice la plus représentée sur le blog mais Ava a pris le large :-)

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