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lundi 11 mars 2013

L'Aventure Fantastique - Many Rivers to Cross, Roy Rowland (1955)


Au XVIe siècle, pour le trappeur Bushrod, les plus gros dangers surviennent plus à la ville que dans les contrées sauvages. Il y a par exemple la belle Marie, qui lui sauve la vie et décide illico qu'il est celui qu'elle prendra pour époux...

Si son merveilleux titre original évoque le souffle de la grande aventure, Many rivers to cross lorgne plutôt sur la grosse screwball comedy qu'on aurait transposé dans l'Amérique sauvage des pionniers. En tout cas le mélange est des plus réjouissants. Bushrod Gentry (Robert Taylor) est un trappeur aguerri et qui ne s'épanouit que libre et au grand air, sans attache. Les dangers de ces contrées sauvages sont moins impressionnant que ceux rencontrés lorsqu’il approche la civilisation et plus précisément la gent féminine, surtout lorsque le pasteur effectue son passage annuel dans la région pour les mariages.

Mais même là Bushrod a son discours minutieusement rôdé pour réfréner les ardeurs des jeunes femmes cherchant à lui mettre la bague au doigt : il mène une vie dangereuse à laquelle aucune femme ne pourrait survivre tant qu'il n'est pas fixé. Le film débute donc avec un Robert Taylor plein d'assurance et à la goujaterie irrésistible repoussant avec entrain une prétendante trop énamouré pour le faire vaciller. Il va pourtant trouver à qui parler avec la volcanique Marie Stuart (Eleanor Parker) qui dès sa première apparition allie charme et poigne pour le tirer d'un mauvais pas avec les indiens.

A l'instar (dans un registre plus dramatique) de son rôle dans Quand la marabunta gronde (1954), Eleanor Parker voit son charme ravageur mis à mal par des hommes qui la repoussent, comme si cette séduction agressive et électrique leur faisait peur. Ici elle est à croquer en jeune fille aussi coquette que taillée pour les rudesses de l'Ouest. Cette caractérisation est renforcée par les membres de sa famille écossaise racée où la caricature va bon train avec un Victor McLaglen qui en fait des tonnes en patriarche bougon, téteur de whisky et amateur de bagarre.

C'est d'ailleurs un peu le fond du film que ces hommes à la peau dure décontenancé par une jeune femme ne minaudant pas et aussi teigneuse qu'eux, Eleanor Parker ramenant le "fiancé" fuyard au bercail sous la menace d'un fusil et lui forçant la main pour lui passer la corde au cou. Ce marivaudage musclé est des plus amusants grâce à l'abattage du duo, Eleanor Parker alternant minauderies irrésistibles et comportement de garçon manqué et Robert Taylor dépassé trépignant de rage face à l'enquiquineuse.

Même si l'on profite de quelques jolis extérieurs (et d'un technicolor faisant étinceler la chevelure rousse d'Eleanor Parker) le film est plutôt statique et fait la part belle aux décors studios cheap. Le danger est représenté par des indiens shawnee assez caricaturaux et surtout là pour provoquer la bascule dans les rapports entre Bushrod et Mary Stuart. Comme le souligne un dialogue Bushrod préfère traquer que l'inverse et c'est quand il pourra se lancer au secours de sa dulcinée (ainsi qu'une parenthèse familiale joliment amenée) qu'il se découvrira réellement attaché à elle.

Le côté sans doute un peu machiste (la jeune fille doit forcément être en détresse pour être convenable) est contrebalancé par une empoignade finale avec les indiens où Eleanor Parker est plus qu'active et où finalement c'est bien elle qui sauve Taylor. Très drôle et enlevé, situations tordantes et dialogues vachards du couple vedette, un très bon moment auquel on pardonne une tenue visuelle assez étriquée tout de même.

Sorti en dvd zone 2 français chez Warner

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