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vendredi 26 avril 2013

Never Let Go - John Guillermin (1960)


Les choses semblent aller de plus en plus mal pour John Cummings. Ses rapports avec sa femme Anne se dégradent et son travail de représentant de commerce lui rapporte peu. Il ne sait pas comment payer la voiture qu'il vient d'acheter. Comble de malchance, celle-ci lui est aussitôt volée et il n'est pas assuré. N'obtenant pas d'aide de la police qui au contraire l'accuse du méfait, il décide d'enquêter lui-même. C'est là qu'il recroise le chemin Lionel Meadows, qui n'est autre que le concessionnaire qui lui a vendu le véhicule, et découvre que ce dernier est un voleur, particulièrement violent, de voitures...

Avant les mastodontes plus (Le Crépuscule des Aigles, La Tour Infernale) ou moins (l'affreux remake de King Kong et sa suite) mémorables qui firent son succès, John Guillermin mena une solide carrière dans le cinéma britannique et réalise carrément un petit classique méconnu du film noir avec ce teigneux Never Let Go dont il signe également le scénario. Le pitch simplissime nous amène vers un océan de noirceur avec un brio rare. John Cummings (Richard Todd) brave représentant de commerce voit sa vie basculer le soir où lui est volée sa voiture.

Cette perte matérielle va prendre des dimensions dramatiques terribles pour plusieurs raisons. Cummings en grande difficulté dans sa profession comptait énormément sur son véhicule pour améliorer son efficacité, cette même voiture qu'il avait acquis au prix de grand sacrifice financier et pour laquelle il n'a pas souscrit d'assurance. La scène d'ouverture nous aura révélé que le vol a été commis par des petites frappes téléguidées par le concessionnaire même qui lui a vendu le véhicule, le très dangereux Lionel Meadows (Peter Sellers).

Richard Todd campe un quidam insignifiant et faible qui va pourtant s'acharner à récupérer son bien avec une abnégation maladive. Mine frêle et visage apeuré, le personnage n'a que cette volonté pour lui tant il passe le film à subir les humiliations physiques et verbales les plus diverses, par les malfrats qu'il traque, par la police négligeant ses demandes, par son patron et surtout par sa femme. Pour tous, il n'est qu'un perdant, une quantité négligeable constamment sous-estimé. On comprend ainsi peu en peu le vrai enjeu de l'intrigue, au-delà de la voiture c'est sa fierté que cherche à reconquérir John Cummings.

Face à lui, Peter Sellers loin de ses rôles comiques campe un très inquiétant malfrat qui derrière ses airs suave dissimule une violence froide surgissant sans prévenir de manière explosive. La progression du récit inverse peu à peu le rapport de force, Cummings prenant de l'assurance dans son harcèlement de Sellers qui perd pied et sombre dans la paranoïa. L'intrigue répète les face à face entre eux qui se font de plus en plus tendus jusqu'à un final hargneux qui laisse exploser sa violence avec une rare intensité.

Guillermin mène avec une grande efficacité l'ensemble notamment par les personnages secondaires soignés qui étoffent grandement l'histoire que ce soit l'épouse anxieuse de Cummings jouée par Elizabeth Sellars ou le couple de jeunes paumés avec la maîtresse de Sellers et le chef des voleurs. Ce qui surprend c'est l'incroyable brutalité du film porté par un terrifiant Sellers qui malmène femmes, animaux ou vieillard sans remord.

La montée en puissance finale sur le score jazzy tendu de John Barry débouche sur un mano à mano féroce entre Sellers et Cumming à coup de chaînes, barre de fer et tessons de bouteille. Cela est cependant amené avec une grande finesse qui évite complètement le piège de l'éloge de l'autodéfense. La libération par la violence n'arrive qu'en ultime recours et est aussi brève qu'intense, laissant leurs rôles aux autorités tout en redonnant son honneur au héros.

Sorti en dvd zone 1 chez MGM et VCI et doté de sous-titres anglais

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