Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mardi 2 avril 2013

The Informers - Ken Annakin (1963)


Bien que l'inspecteur Bestwick, de Scotland Yard, ait interdit à ses collaborateurs d'utiliser les services des indicateurs recrutés dans le " milieu ", le dynamique inspecteur Johnoe continue à recueillir les renseignements que lui fournit l'un des plus habiles d'entre eux : Jim Ruskin. Ce dernier le met sur la trace de l'animateur du gang qui vient de réaliser plusieurs hold-up récents. Juin soupçonne un certain Bertie Hovk, un tueur devenu chef de gang. Mais, bientôt, Jim est assassiné et son frère Charlie décide de le venger.

Pas forcément toujours convaincant dans les grosses productions plus connues qui ornent sa filmographie (la partie anglaise du Jour le plus long, Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines, La Bataille des Ardennes), Ken Annakin montre par contre un vrai brio dans ce plus modeste The Informers qui constitue un solide polar. Le film est plutôt précurseur du rebattu mais semble-t-il pas si fréquent jusque-là thème de la relation ambiguë pouvant se nouer entre un flic et son informateur et qui sera pas mal exploité par la suite notamment dans le cinéma français pour des films comme La Balance (1982) ou Le Cousin (1996) d'Alain Corneau.

Devant la recrudescence du crime et notamment les méfaits récurrent d'une bande braqueurs, la hiérarchie de Scotland Yard décide d'interdire à la police d'utiliser des indics et plutôt se servir désormais des technologies modernes récemment mise en place. L'inspecteur Johnoe (Nigel Patrick) n'en a cure tant il a noué de solides contact dans la rue notamment avec Jim Ruskin (John Cowley), ce qui fait enrager son frère Charles criminel repenti mais vivant encore selon les lois de la rue. Jim va cependant faire preuve de trop de zèle et sera démasqué par le gang de braqueurs avant de fournir l'information. Johnoe se met donc en quête de venger son informateur, tout en essayant de calmer les élans violents de Charlie bien décidé aussi à retrouver les meurtriers de son frère. Le scénario (adapté du roman de Douglas Warner Death of a Snout ) est très intéressant dans les frontières floues qu'il tisse entre le monde policier et criminel. On en est pas encore aux policiers borderline aux méthodes violentes où se confondant avec la rue qu'on trouvera dans le polar urbain des années suivantes (French Connection, Inspecteur Harry, Serpico...) mais The Informers lance déjà quelques pistes.

Flic teigneux jonglant déjà avec la loi, Johnoe va néanmoins s'avérer trop doux pour stopper le redoutable duo de méchants. Bertie Hovk (Derren Nesbitt) c'est le feu avec ce tueur reconverti en business man mais dont la violence peut ressurgir à tout moment (voir le moment où il malmène la balance et l'achève en lui roulant dessus en voiture) et nouant une relation tumultueuse avec la prostituée Maisie (Margaret Whiting). La glace c'est Leon Sale (Frank Finlay bien inquiétant) à l'esprit machiavélique et organisant les plans. L'ambiguïté réside donc ici dans l'impuissance de la police avec un Johnoe piégé pour corruption obligé transmettre le relai aux méthodes plus radicales des petites frappes (enlèvement, chantage, menaces...) pour résoudre son enquête. Annakin filme tout cela comme une remarquable partie d'échec reposant plus sur les manigances de chacun dans son coin plutôt que l'action pure et malgré le tournage à Pinewood on arrive à ressentir une certaine urgence urbaine et authenticité dans les milieux dépeints (hormis le flambeur Bertie tous les truands ayant une activité ouvrière et une vie de famille en couverture). Même si le final retombe sur ses pattes morales, tout le film rend donc poreux les liens entre truands et policiers notamment la solidarité toute relative avec un collègue de Johnoe guère embarrassé d'enquêter sur lui et le faire tomber, la réhabilitation se faisant grâce aux voyous.

Après cette lente montée en puissance, la conclusion sera des plus nerveux avec une longue bagarre de rue où à cette époque où les armes à feu sont rares(et sortie en dernier recours comme on le voit ici) les règlements de comptes se font avec poings, gourdins et outils de bricolage au fracas douloureux. Vraiment bien mené et équilibré avec un scénario parvenant à faire exister tout le monde notamment les personnages féminins avec la soumise Maise remarquablement jouée par Margaret Whiting ou la femme de Johnoe qu'incarne Katherine Woodville (on pense même un moment qu'elle va prendre les choses en main comme la Billie Whitelaw du bien teigneux Payroll très bon polar anglais déjà évoqué ici). Bon petit polar donc qui sera l'inspiration d'une série policère anglaise culte des 70's, The Sweeney.

 Sorti en dvd zone 2 anglais sans sous-titres

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