Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mercredi 22 mai 2013

Harold et Maude - Harold and Maude, Hal Ashby (1971)


Un garçon âgé de vingt ans, Harold vit un amour pur et réciproque avec une femme qui a cinquante-neuf ans de plus que lui, Maude...

Un des films culte des 70's, typique de la liberté de cette décennie par son thème audacieux dont la recette teintée de mélancolie et d'insouciance reste unique. Le film dépeint la drôle de rencontre entre le jeune Harold (Burt Cort) et la bientôt octogénaire Maude (Ruth Gordon), aussi opposé par leur âge que par leur caractère. Harold est un post-adolescent dépressif et détaché de tout et fasciné par la mort, ses plus grands plaisirs étant d'horrifier sa mère à coup de faux suicide sanglants, fréquenter les enterrements et se balader dans le corbillard (forcément) qui lui sert de voiture.

Burt Cort, masque de clown triste au teint blafard est épatant d'ironie contenue et exprime une dimension burlesque sobre à coup de gags ludique où il excelle dans l'humour morbide à froid (les prétendantes présentées par sa mère gardant un souvenir houleux de la rencontre). Cette attitude cache un mal être auxquelles les solutions réactionnaires ne peuvent rien, le script fustigeant au passage les conventions sociales, la psychanalyse abusive ou le militarisme à travers le personnage de l'oncle va t en guerre voyant l'armée comme la formation idéal du jeune homme égaré.

Pour aller mieux, Harold va devoir croiser la route de son pendant excentrique plus énergique et enjoué malgré son grand âge avec la pétillante Maude. Partageant son gout pour les enterrements, Maude voit toujours ce qu'il y a de meilleur dans le quotidien où elle promène sa doux-dinguerie par une géniale extravagance : chiper la moindre voiture trainant sous ses yeux et la conduire à tout berzingue, déraciner les arbres malade pour les planter ailleurs ou encore ridiculiser un malheureux policier. Harold se déride et dévoile ainsi progressivement ses fêlures grâce à la bienveillance de Maude (magnifique moment où il explique son obsession pour le suicide et qui lui valut son seul moment d'affection maternelle).

Hal Ashby contrebalance constamment le ton plutôt léger avec l'atmosphère grisâtre et dépressive de l'environnement du duo, le sinistre ambiant menaçant constamment de les rattraper. La grande audace du film, c'est bien sûr de faire de cette relation une histoire d'amour. Tout en délicatesse et en tendresse, Ashby évite tout scabreux et provocations vaine pour amener la chose comme une évidence : Maude a l'attitude délurée d'une jeune fille en fleur quand Harold sous ses traits juvéniles semble porter toute la tristesse du monde comme s'il avait déjà vécu trop longtemps.

Les vignettes romantiques et moments complices offrent de magnifiques scènes (ce feu d'artifice côte à côte) amenant la joie de vivre pour l'un sous la sinistrose et l'acceptation de la fin pour l'autre. Tout reste habilement suggéré et en surface (ce court insert qui révèle un passé plus douloureux pour Maude quand on verra ce tatouage sur son bras...) et passe par la bulle se créent Harold et Maude. Un film ancré de son époque (la bande originale belle mais un peu en envahissante de Cat Stevens) mais dont la leçon de vie demeure intemporelle.

Sorti en dvd zone 2 français chez Paramount

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