Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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vendredi 24 mai 2013

L'Hôpital - The Hospital, Arthur Hiller (1971)

Le film nous montre la vie dans un CHU de Manhattan et s'attache au Dr Bock (George C. Scott), le directeur médical, dont la vie est devenue un chaos : sa femme l'a quitté, ses enfants ne lui parlent pas et le CHU qui lui était si cher est en train de partir en morceaux. Avec tout cela le CHU voit un certain nombre de morts étranges, aussi bien parmi les médecins que parmi le personnel de l'hôpital, et tout cela finit par conduire le Dr Bock au bord de folie.

Arthur Hiller et le dramaturge Paddy Chayefsky se retrouvaient quelques années après leur géniale farce anti militariste Les Jeux de l'amour et de la guerre (1964) avec ce tout aussi caustique The Hospital. Le film s'inscrit également dans un forme de trilogie satirique pour Paddy Chayefsky (ici producteur en plus de signer le scénario) avec Les Jeux de l'amour et de la guerre donc et aussi le bien acide Network (1976). Après l'armée et avant la télévision, c'est donc l'institution hospitalière qui est passée là au vitriol avec cette description haute en couleur du CHU de Manhattan.

La scène d'ouverture donne le ton avec la voix off ironique de Chayefsky qui accompagne l'aussi risible que tragique concours de circonstance qui va faire mourir un patient fraîchement admis et démontrer d'emblée l'anarchie et l'incompétence régnant au sein de l'hôpital. C'est dans ce cadre que se morfond le Dr Bock (George C. Scott), séparé de sa femme, alcoolique et dépressif tendance suicidaire. La seule branche à laquelle il semble encore pouvoir se raccrocher est son métier mais là aussi on déchante rapidement à travers les dysfonctionnements de l'établissement qui vont finir par mener à la mort mystérieuse de certains médecin et chercheurs. On est ici dans une sorte de Catch 22 médical où l'absurde, la comédie et le vrai malaise s'alterne et où l'on rit jaune devant les situations rocambolesque.

Patients opérés par erreur et sortant plus atteint qu'ils ne sont arrivés, chirurgiens cyniques uniquement motivé par l'appât du gain, coucherie entre médecins et infirmière au détriment des malades, frénésie administrative, la charge est féroce et toujours dans un humour à froid qui laisse dans l'expectative. Plus globalement, l'hôpital semble être une sorte d'antichambre des maux de cette société puisque en réponse à l'institution médicale déréglée les autres idéaux d'alors s'avèrent tout aussi défaillants tels ces gauchistes fanatiques (aux revendications légitimes mais au discours schématiques) manifestant à l'extérieur en fil rouge et la conclusion mettra en boite aussi une forme d'idéalisme hippie recelant de dangereux illuminés.

Tout comme dans Les Jeux de l'amour et de la guerre , l'espoir vient de l'éveil et la prise de conscience de l'individu. Apathique face à l'enfer qui se déchaîne autour de lui, Bock assiste impuissant aux dérives de son service se réfugiant dans la bouteille et proche de céder à ses velléités suicidaires. Le salut viendra de la rencontre avec la charmante Barbara (Diana Rigg), jeune femme à l'esprit libre également revenue de tout et ouverte sur le monde. George C. Scott confère son intensité et humanité coutumière avec ce formidable personnage brisé et habite certaines séquences avec une puissance rare comme ce moment cathartique où il s'ouvre à Diana Rigg sur son mal être dans un incroyable monologue filmé au cordeau par Hiller. Diana Rigg fausse insouciante et vraie lucide est parfaite également, sa sérénité répondant idéalement au bouillonnement constant de Scott.

La galerie de seconds rôles s'en donne à cœur joie également et on retiendra un odieux Richard A. Dysart en chirurgien businessman et Donald Harron hilarant en patient assistant médusé au délire ambiant. L'anarchie va crescendo avec un sacré chaos final où le script ne cède pourtant pas au fatalisme attendu pour de nouveau faire confiance aux hommes de devoir capable de redresser la tête dans l'adversité. L'individualisme et la liberté de pensée comme forme de salut pour la collectivité, on retrouve là les partis pris de Chayefsky déjà présente dans Les Jeux de l'amour et de la guerre . Si l'entité est viciée, il y demeurera toujours des hommes de valeur affrontant l'adversité.

Sorti en dvd zone 2 anglais chez MGM et doté de sous-titres français

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