Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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samedi 20 juillet 2013

Liza - La Cagna, Marco Ferreri (1972)


En croisière sur un yacht avec des amis, Liza éprouve l'envie de tout quitter et nage jusqu'à l'île la plus proche. Elle fait la connaissance du propriétaire des lieux, Giorgio, qui vit seul dans une boule de pierre. Ils passent la nuit ensemble. Giorgio la ramène à terre mais Liza revient, tue le chien et prend sa place.

On se souviendra plus de ce Liza pour avoir été le film de la rencontre du couple Catherine Deneuve/Marcello Mastroianni que pour être un grand cru de Marco Ferreri. Le postulat (adapté du roman Melampus de Ennio Flaianoa et adapté par Jean-Claude Carrière) a pourtant tout pour intriguer au vu des vertus provocatrices d'un Marco Ferreri qui signerait La Grande Bouffe l'année suivante. Giorgio (Marcello Mastroianni) est un peintre ayant fui la civilisation et vivant seul avec son chien sur une île au sud de la Corse.

Ce quotidien paisible se voit troublé par l'arrivée de Liza (Catherine Deneuve), jeune femme ayant quitté sa croisière sur un coup de tête et s'accrochant à lui désormais. Seulement les minauderies et caprices de Liza ne trouvent guère d'échos chez un Giorgio qui s'il n'est pas insensible à ses charmes préférera toujours la compagnie et la conversation de son chien... Qu'à cela ne tienne la belle va provoquer la mort du canin pour susciter plus d'attention, jusqu'à se substituer à lui dans un jeu d'amour et de soumission étrange et dangereux.

Au départ on est aussi intrigué que captivé par la beauté des images et d'une Catherine Deneuve radieuse et dévêtue plus souvent qu'à son tour. On voit le rapport curieusement s'inverser, celle qui se plaisait à plier le monde à ses caprices soudainement s'épanouir dans la soumission/humiliation quand celui ayant fui les hommes trouve un nouvel éclat de vie par cette domination. Les séquences curieuses et embarrassantes s'enchaînent donc, Catherine Deneuve ramenant le bâton lancé par son "maître", attendant la tape et le regard approbateur de celui-ci et lui léchant le visage avec affection...

Ces scènes sont tellement étranges que l’on n’arrive même pas complètement à songer au machisme qu'elles dégagent pour simplement en rester à l'absurde, l'ensemble ne tenant la route que par la conviction des personnages pour exprimer cette relation qui montrera ses limites confrontée à la civilisation. La séquence où Catherine Deneuve fidèle et docile retrouve la trace de Mastroianni reparti vivre en ville vaut ainsi le détour, sur la corde raide entre la tendresse réelle et le ridicule.

Malheureusement passé cet argument et l'abattage du couple vedette l'intérêt se dilue progressivement faute d'enjeu dramatique concret auxquels s'accrocher et c'est l'ennui qui domine. Le retour à une relation "normale", au contraire une poussée plus extrême dans la déviance, rien de tout cela n'est réellement creusé et pour compliquer le tout Ferreri ajoute encore une dimension vaguement politique et philosophique avec l'évocation du marxisme ou la dénonciation de la brutalité militaire (supposée plus barbare que le lien unissant nos héros).

D'une beauté plastique indéniable et mettant magnifiquement Catherine Deneuve en valeur, une curiosité tout au mieux donc. Quelques années plus tard, Catherine Deneuve ira enquiquiner un autre reclus dans un film un peu plus vivant, Le Sauvage de Jean-Paul Rappeneau.

Sorti en dvd zone 2 français chez Studio Canal

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