Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

Pages

lundi 21 octobre 2013

The Party's Over - Guy Hamilton (1965)

Une jeune Américaine Melina (Louise Sorel) traine avec une bande de beatniks de Chelsea, et attire l’attention du leader du gang, Moïse (Oliver Reed) parce qu’elle se refuse à lui. Tout va déraper quand Carson (Clifford David), le fiancé de Melina, débarque pour la ramener aux Etats-Unis à la demande du père de celle-ci.

The Party's Over est un trésor caché du cinéma anglais des 60's tant sa sortie fut entourée de controverse et qu'il fut longtemps invisible dans son montage intégral. Le film se veut au départ une œuvre de prévention sur le mouvement alors en essor des beatniks au sein de la jeunesse mais son contenu s'avérera trop cru pour la censure anglaise qui exigera de nombreuses coupes qui en empêcheront un temps la sortie. Deux ans plus tard au vu de la notoriété acquise par son réalisateur Guy Hamilton qui a dirigé entretemps un des James Bond les plus fameux Goldfinger (1964), un distributeur peu scrupuleux le sortira largement amputé et dans un habillage racoleur de thriller érotique pour attirer le chaland. Guy Hamilton et son producteur Anthony Perry feront retirer leur noms du générique, et cela même sur la récente version restaurée permettant de voir le film dans un montage d'avant le passage devant la commission de censure mais néanmoins pas approuvé par Hamilton.

La dimension morale s'exprime à la seule évocation du titre signifiant la fin de la récréation mais le film s'avère plus fin que cela. L'intrigue s'ouvre sur une séquence "scandaleuse" qui prête à sourire aujourd'hui avec cette fête sur fond de musique jazz prêtant au stupre où les jeunes beatniks dansent lascivement, s'enivre et cèdent à leurs instinct charnels tout en laissant deviner les penchants autodestructeur qui provoqueront le drame à venir. Comme chaque fois, la soirée se conclue par un retour au petit matin où nos jeunes rebelles défilent tel des zombies dans les rues d'un Londres désertique magnifiquement éclairé par Larry Pizer.

Parmi eux on trouve Melina (Louise Sorel), américaine exilée qui va bientôt rattrapée par la réalité. Son allure plus sophistiquée que ses camarades l'avait précédemment laissé deviner et on découvrira qu'elle est la fille d'un riche homme d'affaire qui va envoyer son bras droit et futur fiancé de Melina la chercher à Londres. Paniquée de devoir ainsi retrouver les chaînes d'une vie normale, Melina va être aidée par ses amis qui vont brouiller les pistes pour le fiancé Carson (Clifford David) se perdant entre pub, résidence louches et fêtes miteuses dans un Londres interlope. Le jeu va cependant prendre une tournure bien plus sordide.

Le jeu de piste s'interrompt ainsi à mi- film lorsque le personnage de Melina va se volatiliser tandis qu'un vent de secret et de culpabilité flotte autour de ses amis beatniks. Carson va alors devoir remonter le fil d'une énième soirée de débauche pour savoir ce qu'il est advenu de sa fiancée et si elle est encore vivante. Les soupçons vont autant se porter sur le leader charismatique et manipulateur du groupe Moïse (Oliver Reed) fou amoureux de Melina que les filles ayant toutes une raison de la jalouser. Le ton s'avère dangereusement moralisateur au départ, fustigeant les écarts de ces entité beatniks forcément vus sous un jour néfaste face un Carson aux allures de genre idéal.

Cependant plus que les défis à l'ordre moral, c'est finalement l'existence oisive et sans but ainsi que l'effet de groupe dans l'attitude des beatniks qui frappe. Ils fuient un conformisme bourgeois pour s'en créer un autre vide de sens et sans but ce qui pour les plus conscients comme Melina provoque une vraie dépression latente. A l'extrême opposé le père (Eddie Albert) de Melina représente lui tout ce matérialisme froid que fuient les beatniks. Dans ce cadre les personnages le plus intéressants sont d'abord ceux qui se cherchent.

Le propret Carson saura ainsi évoluer notamment en tombant amoureux de Nina (Katherine Woodville). Supposé représenter la soumission à l'establishment aux yeux des beatniks, il s'en détachera à son tour mais dans une inconnue mais plus constructive que leur errance physique et mentale. C'est pourtant un Oliver Reed dans un de ses premiers rôles majeurs qui captivera le plus. Caractérisé au départ comme le simple leader malfaisant et manipulateur du groupe, on découvrira finalement un faible fuyant la vie pour dominer encore plus perdu que lui.

L'aboutissement de toutes ces interrogations reposent sur le sort de Melina qui se révèlera par fragments tout au long du récit. La résolution criminelle attendue prendra un tour finalement sordide et pathétique dans un flashback glaçant où la mise en scène sage d'Hamilton (sa spécialité), entre réalisme cru et cauchemar, résume parfaitement le propos. C'est bien l'indolence et la perte de repère des beatniks qui est la cause du drame qui sans les rendre coupables révèle toute la nature de leur dérive.

Plus que leur mode de vie, le scénario (qu'on doit à l'auteur de polar Marc Behm) fustige l'entité collective qui fait des beatniks de simples moutons suiveurs incapables de se prendre en main. Le leitmotiv musical sur la chanson Time to grow up illustre le propos tout du long en filigrane, propos qui se dévoile pleinement dans une cinglante conclusion. Le film ne célèbre ni la rébellion, ni la normalité mais suggère intelligemment de suivre sa voie de façon indépendante. 

Sorti en blu ray et dvd zone 2 anglais à la BFI et doté de sous-titres anglais 

Extrait 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire