Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram
Trop de maris - Too Many Husbands, Wesley Ruggles (1940)
Une jeune femme dont l'époux a disparu se remarie avec un ami du présume défunt. Un jour, celui-ci réapparait...
Une charmante screwball comedy adapté d'une pièce de W. Somerset Maugham et dont le postulat évoque fortement le Sérénade à trois
(1933) de Lubitsch sans totalement en égaler l'audace. Vicky (Jean
Arthur) suite à la disparition en mer de son mari Bill (Fred MacMurray)
s'est grandement rapprochée du meilleur ami de celui-ci, Henry (Melvyn
Douglas). Grand réconfort au moment de la perte, il finit par se
rapprocher de Vicky au point d'en tomber amoureux et de l'épouser.
Cependant l'ombre du défunt plane toujours sur le couple, Henry
entretenant une sorte de jalousie d'outre-tombe en déchirant les
quelques photos sur lesquelles il tombe et en début de film renommant
même l'entreprise familial pour en faire disparaître le nom de Bill.
Vicky elle-même n'a jamais complètement fait le deuil de son mari défunt
et entretient toujours de doux et vivaces souvenirs du disparu. Cette
présence implicite va pourtant s'avérer étonnamment concrète avec le
retour inattendu de Bill qui n'est pas mort mais a échoué sur une île
déserte dont il est tout juste rescapé. Rasé de près et ragaillardi, il
est tout heureux de retrouver son épouse avant de se rendre à la cruelle
évidence.
Le scénario amuse brièvement avec les tentatives
maladroites et la gêne d'avouer la vérité au ressuscité mais c'est
surtout quand le secret éventé que le film dévoile tout son arsenal
comique. D'abord raisonnable face à la situation, les deux protagonistes
masculins commence à se titiller sur leur légitimité respective à être
l'époux de Jean Arthur, McMurray faisant de son rival un choix par
défaut et ce dernier bien décidé à prouver qu'il n'aurait eu aucun mal à
conquérir Vicky de toute façon. Fred MacMurray et Melvyn Douglas nous
offre un grand numéro de régression enfantine où les démonstrations de
forces les plus ridicules et les bassesses les plus viles faisant virer
le triangle amoureux au combat de cours de maternelle. Jean Arthur ne
ramènera pas le conflit à plus de mesure par son indécision permanente
et au narcissisme que réveille ce duel pour s'attirer ses faveurs.
Délaissée par son Bill toujours en périple autour du monde puis par
Henry pris par ses affaires, la situation lui offre une éclatante
revanche en étant au centre de l'attention des deux hommes de sa vie
enfin prêt à tout pour la conquérir. Jean Arthur est une nouvelle fois
charmante et irrésistible, la scène la voyant prendre compte fièrement
de sa position avantageuse étant un pur régal. C'est sa grâce et sa
drôlerie qui rend le personnage si attachant alors qu'elle en fait voir
de toute les couleurs aux deux hommes, ne parvenant pas à choisir et
relançant même celui prêt à abandonner la partie (hilarante scène où
elle galvanise un Melvyn Douglas dépité), ranimant les espoirs de chacun
par un regard, un sourire en coin qui rend le renoncement impossible.
Fred MacMurray et Melvyn Douglas sont également excellent et forment un
duo de rivaux parfaitement complémentaire qui rend le spectateur aussi
indécis que Jean Arthur. MacMurray, grand dadais charmeur et sûr de lui
apporte toujours cette petite touche de maladresse suscitant l'empathie
et Melvyn Douglas en époux plus ouvertement fragile et anxieux (dont une
très belle scène où il avoue ses états d'âmes et complexes) fait montre
d'une vulnérabilité le rendant tout aussi digne de conquérir le cœur de
Jean Arthur.
Walter Ruggles arrive plutôt bien à dynamiser
l'origine théâtrale du récit (quasi entièrement en intérieur) même si
c'est clairement un film d'acteurs plus que de mise en scène et
l'ensemble est constamment relancé par des idées de gags et de
quiproquos inventifs comme cette intervention finale de la police bien
décidée à démasquer ce couple polygame. Contrairement à Sérénade à trois
célébrant ouvertement l'amour libre dans son final, Too Many Husbands
résout pour la forme la situation initiale par la loi mais la scène de
danse finale nos laissera dans une délicieuse irrésolution.
Sorti en dvd zone 1 chez Sony et doté de sous-titres anglais
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