Une baronne de l'aristocratie viennoise
se retrouve malencontreusement présente lors d'un vol de bijoux. Elle
est la première surprise lorsqu'elle prend conscience de son attirance
pour le voleur, alors que ni son mari ni son amant n'ont réussi à
rallumer la flamme. Son seul intérêt résidait dans les bijoux.
Désormais, sa passion pour ce criminel va la mener vers une vie plus
folle...
Un délicieux Pre Code qui fait briller le
cocktail si cher à Lubitsch où s'entremêle cadre de la haute société,
cupidité et romantisme aussi piquant qu'inattendu. A cela s'ajoute la
dimension amorale assumée typique du Pre Code qui rend l'ensemble si
irrésistible. La baronne Teri Von Horhenfels (Kay Francis) est lasse de son
existence nantie et frivole où mari vieillissant, amants et caprice
luxueux ne suffisent plus à tromper son ennui. Le personnage assume
pourtant avec lucidité cette vacuité qu'il a grandement recherchée par
paresse et cupidité mais qui désormais ne lui suffit plus.
A mes yeux, je suis superficielle. Je papillonne toute la journée de fourrures en bijoux. Je ne souffre même pas, sinon d'ennui..
Kay Francis enchante d'emblée dans ce registre glamour, séducteur et
lascif où sous la superficialité se devine une vraie mélancolie.
On est
sous le charme de cette présence charnelle dès sa première apparition où
elle passe à demi nue entre les mains de ses domestiques la préparant à
sa prochaine sortie, l'achat d'un luxueux bijou. C'est là que sa route
va croiser la route d'un voleur (William Powell) venu dévaliser la
bijouterie et dont elle va tomber sous le charme. Il faut dire que le
bougre commet son délit d'une main de velours, l'allure élégante et tout
en petite phrases spirituelles qui détendent ses victimes sans jamais
altérer sa détermination à les détrousser. William Powell (qui avait
déjà partagé l'affiche avec Kay Francis dans
Voyage sans retour
de Tay Garnett l'année précédente) est toujours aussi à l'aise dans ce
registre séducteur qui lui est coutumier, faisant preuve d'un bagout et
d'une élégance folle. Pourtant lui aussi dans un registre plus discret
et propre au caractère dissimulateur d'un cambrioleur laisse perler un
certain manque au détour de quelques répliques cyniques et de réactions
surprenantes (sa reculade devant le baiser exigé par Kay Francis, comme
effrayé de ce qu'il semble ressentir).
Dieterle organise cette
séduction mutuelle en deux rencontres, où chacun des deux héros aura
l'occasion de provoquer l'autre et bousculer ses certitudes. La première
rencontre sera donc celle de la bijouterie où l'étincelle renaît dans
le regard pétillant de Kay Francis qui nullement effrayée par son
détrousseur, multiplie les raisons de prolonger le hold-up. La seconde
voit notre voleur quelque peu ébranlé s'inviter chez la baronne,
l'argument de cupidité laissant deviner les sentiments naissant.
L'alchimie entre William Powell et Kay Francis est absolument
remarquable, Dieterle maintenant une tension érotique permanente par le
jeu et la gestuelle des acteurs (Kay Francis bien décidée à rendre fou
le spectateur par ses poses provocantes et cette infernale robe à dos
nu), les jeux de regard et un festival de dialogues à double sens dont
ce mémorable
Ne nous privons pas d'agréable préludes
lorsque Powell mettra trop d'empressement à la déshabiller/vider la
pièce de tous ses objets de valeurs. Leurs temps ensemble est compté et
c'est un plaisir qui est à savourer dans cet environnement de luxe propre à dissimuler leurs réel émois.
Tous les personnages secondaires
sont des pantins dont il est bon de se moquer et ridiculiser par des
gags hilarants (le gardien qui se meut en porteur docile pour notre
voleur) et incroyablement osé lorsque Powell détend ses victimes en leur
offrant volontiers des "cigarettes qui font rire". Les codes sociaux
sont définitivement bousculés dans le merveilleux final où sans se
délester de leurs travers la promesse de retrouvailles est annoncée par
un regard complice de Kay Francis.
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner dans la collection Trésors Warner consacré au Pré Code
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