Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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jeudi 14 août 2014

Rose de minuit - Midnight Mary, William A. Wellman (1933)


En attendant le verdict du jury dans son procès pour meurtre, Mary Martin (Loretta Young) se remémore par flash-back son passé et les évènements l’ayant mené jusqu’ici. Luttant contre la pauvreté dans son adolescence et condamnée à tort pour vol à l’étalage, elle envoyée dans une maison de correction. A sa sortie, elle commence à fréquenter des gangsters, devenant maîtresse et complice de Leo. Puis, une nuit, lors de la préparation d’un cambriolage dans une maison de jeu faisant aussi office de bordel, Mary rencontre Tom Mannering. Cet avocat descendant d'une famille riche et prestigieuse tombe instantanément amoureux d’elle et l'aide à échapper à la police.

Midnight Mary est un mélodrame en forme de destinée tragique d'une fille perdue comme Wellman a pu en dépeindre tant dans ses Pré-Codes de l'époque comme Frisco Jenny (1932) ou Safe in Hell (1931). Le film s'ouvre sur une cour de tribunal où l'avocat de l'accusation fait le portrait peu reluisant de Mary Martin (Loretta Young), accusée de meurtre. L'intéressée ne semble en avoir cure, lisant indifféremment un magazine pendant la plaidoirie et la cause semble entendue parmi les jurés parti délibérer. Poursuivant ce détachement et en attendant le verdict, Mary se souvient des évènements qui l'ont conduit jusque-là. Le récit dessine une fatalité inéluctable dans la manière dont doit forcément mal tourner Mary, privée de tout dès l'enfance où elle perd sa mère accusée à tort d'un vol qui la conduit en maison de correction.

Le visage doux et angélique de Loretta Young fait passer sans peine l'idée discutable qu'elle subit constamment les évènements, ne rendant que plus brutal chaque étape de sa déchéance notamment la première rencontre fatidique avec le gangster Leo Darcy (Ricardo Cortez) où un fondu au noir laisse deviner un viol. Pourtant tout semble la ramener vers cette mauvaise compagnie, Darcy ne la forçant jamais car persuadé que l'hostilité du monde extérieur la fera forcément revenir.

Wellman fait bien sûr planer les fantômes de la Grande Dépression dans le parcours de Mary, à l'image de cette scène où elle erre affamée et sans le sous, les néons des enseignes se transformant pour lui rappeler tous les emplois pour lesquels elle a été repoussée. La vie honnête semble semée d'embûche et laborieuse alors que le mauvais chemin semble si accessible et plaisant et c'est à ce moment-là que Mary abandonne.

Le salut pourrait venir du riche et oisif playboy Tom Mannering (Franchot Tone) tombé amoureux d'elle et qui trouve un remède à sa propre frivolité en offrant une vie décente à Mary. La trame est un peu trop cousue de fil blanc dans son déroulement mais Wellman parvient à susciter l'émotion par la prestation habitée de Loretta Young particulièrement touchante en figure sacrificielle notamment cette scène où elle rejette Franchot Tone pour lui éviter les ennuis lorsqu'un policier la reconnaît, ou encore lorsqu'elle apprend par le journal les noces de Manning.

Elle transcende ainsi les situations attendues et les personnages un peu clichés (Ricardo Cortez en gangster macho) pour filer vers un final qui arrive tout compte à surprendre par sa tournure positive inattendue.

Sorti en dvd zone 2 français dans la collection Trésors Warner 

2 commentaires:

  1. C'est cocasse, ce rôle donné à Loretta Young, quand on sait qu'elle était une fervente catholique, connue pour sa pruderie, son penchant pour la repentance et son côté Sainte-Loretta-de- Los- Angeles.
    Ce qui ne l'empêchait pas d'être une radieuse comédienne, bien au contraire.

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  2. Ah mais même là en fille perdue elle garde son côté sainte immaculée et constamment victime des évènements dans sa descente aux enfers. Wellman semble s'être adaptée à la personnalité de son actrice car dans d'autres Pré Code des Barbara Stanwyck ou Joan Blondell sont nettement plus dure à cuire dans ce type de rôle.

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