Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mardi 28 octobre 2014

Frost / Nixon, l'heure de vérité - Frost/Nixon, Ron Howard (2008)



En 1977, l'interview télévisée de l'ancien Président Richard Nixon menée par David Frost a battu le record d'audience de toute l'histoire du petit écran américain pour un magazine d'actualités. Plus de 45 millions de personnes ont assisté à un fascinant affrontement verbal au fil de quatre soirées. Un duel entre deux hommes ayant tout à prouver, et dont un seul pouvait sortir vainqueur. Leur affrontement a révolutionné l'art de l'interview-confession, a changé le visage de la politique et a poussé l'ancien Président à faire un aveu qui a stupéfié le monde entier... à commencer sans doute par lui-même.

Ron Howard signe un de ses meilleurs films avec ce beau face à face adaptant la pièce éponyme de Peter Morgan (également au scénario) où ce dernier revisitait le fameuse série d'entretien qui oppsèrent le journaliste David Frost et le président déchu, révolutionnant l'art de l'interview vérité. Une introduction brillante retrace l'odyssée du scandale du Watergate et toute la procédure judiciaire qui a suivi, mélangeant image d'archive et reconstitution pour la démission de Nixon, le tout rendant plus limpides les allusions aux évènements lors des joutes verbale qui suivront entre Frost et Nixon dans la dernière partie du film. Howard met constamment en parallèle et en opposition les personnalités de ses deux héros, autant dans leurs personnalité que dans leurs motivation. D'un côté David Frost, entertainer frivole et roublard qui ne voit là qu'une occasion de s'assurer un bon coup de publicité et relancer sa carrière. De l'autre, Nixon animal politique blessé cherchant à redorer son blason devant l'opinion public et reprendre son destin politique en main. Cela paraît assez impensable aujourd'hui mais le film exprime l'idée qu'il aurait pu prétendre en négociant bien à reprendre les rênes du pouvoir et cet aspect s'avère particulièrement crédible grâce à la prestation fabuleuse de Franck Langella.

La préparation des deux parties en présence suit la même idée avec un Frost ne travaillant pas son sujet et un Nixon rigoureusement préparé. La structure faussement documentaire avec les protagonistes amenant des commentaires aux évènements amène un recul bienvenu, une meilleure compréhension et renforce l'impact des renversements de situations, notamment le final saisissant où Nixon parvient enfin à être déstabilisé par Frost. L'amalgame au combat de boxe est constant avec les interventions des divers collaborateurs faisant office de coach remotivant leur poulain. 

Une réalisation inventive de Howard (qui ne force pas outre mesure l'aspect vintage 70's) qui mêle brillamment les codes du débat télévisuels et la dramaturgie toute cinématographique, notamment par le montage sur les réactions de l'équipe lorsqu'un des deux débatteurs prends l'avantage. Un artifice qui s'estompe lors de la dernière partie nettement plus intense dramatiquement. La roublardise politique de Nixon est vraiment bien saisie, entre les phrases déstabilisatrices, amabilité savamment calculée et ses facettes les plus troubles tournées sur le prisme de l'humour et de la dérision (la remarque sur l'ex fiancée noire de Frost, la blague sur les cubains formés par la CIA).

Un duel psychologique palpitant de bout en bout, reflet d'une époque et un portrait passionnant de Nixon, belle illustration de la soif du pouvoir et du manque ressenti lorsqu'on y a goûté et que l'on n'y a plus accès. Le respect mutuel des deux adversaires dans le duel qui les oppose est vraiment intéressant et naît en partie de la nature d'homme du spectacle de Frost.

Prenant l'affaire par-dessus la jambe et étant sous-estimé, il se révèle à lui-même et réussit là où des journalistes chevronné ont échoué. Michael Sheen très bon et la kyrielle de seconds de renoms est tout aussi bonne avec Oliver Platt, Sam Rockwell ou Kevin Bacon en homme de confiance de Nixon. Un vrai grand film, prouvant le talent d'Howard quand il est impliqué sur un vrai projet ambitieux et plus particulièrement dans l'art du biopic avec Apollo 13 (1995) Un homme d'exception (2001), De l'ombre à la lumière (2005) et plus récemment l'excellent Rush (2013).

Sorti en dvd zone 2 chez Universal



Et pour les anglophones un extrait du réel entretien d'époque, le reste est visible sur youtube

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