Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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dimanche 4 janvier 2015

Tendresse - I Remember Mama, George Stevens (1948)

Au début du XXe siècle, la famille Hansen quitte sa Norvège d'origine pour s'installer à San Francisco. Au cours des années qui suivent, autour de la mère qui dirige le clan avec très peu de moyens, la famille connaît des joies, des peines et aspire au bonheur, comme tout nouveaux américains...

Spécialistes du divertissement hollywoodien le plus enlevé depuis ces débuts et ce quel que soit le registre (comédie musicale avec Sur les ailes de la danse (1936), le film d'aventures pour Gunga Din (1939) et surtout la screwball comedy sur les géniaux Mariage Incognito (1938), Plus on est de fous (1943) ou La Justice des hommes (1942)) George Stevens verra le ton de ses films évoluer vers une tonalité plus dramatique après son expérience de la guerre. Engagé lors de la Seconde Guerre mondiale dans les services cinématographiques de l'armée américaine, Stevens filmera notamment le Débarquement en Normandie mais également les premières images des horreurs des camps de concentration avec la libération du camp de Dachau. Marqué durablement par l'expérience, ses films futurs n'auront plus jamais l'insouciance de ses premiers classiques, le plus marquant étant bien sûr le très sombre revers du rêve américain montré avec Une Place au soleil (1951). Avant de s'attaquer à ces sujets plus sérieux (dont une adaptation du Journal d'Anne Frank en 1959), Stevens semble avec I Remember Mama vouloir effectuer un retour vers un passé idéalisé et heureux, loin des horreurs auxquelles il vient d'assister. Le film est l'adaptation du roman Mama's Bank Account de Kathryn Forbes, en partie autobiographique puis s'inspirant de son enfance à San Francisco auprès de ses parents émigrants norvégiens. Plus précisément, le film transpose l'adaptation théâtrale qui fut tirée du livre à Broadway par John Van Druten.

Cela se ressent vraiment dans construction du film, sans vraie intrigue linéaire mais plutôt partagée en trois actes et moments nostalgiques mettant en valeur à chaque fois sous un nouvel angle la bonté de cette famille et plus précisément cette mère si aimante. La force du film est de créer une émotion sincère dans la capture de l'anodin. Les caractères de cette famille sont dépeints dans leur environnement modeste, la rigueur et la bienveillance de Mama (Irene Dunne méconnaissable et vieillie par le maquillage pour incarner cette matriarche), la nature rêveuse de Katrin (Barbara Bel Geddes), l'obstination de sa sœur Christina (Peggy McIntyre), la sagesse du père (Philip Dorn) ou encore l'attachement aux animaux de la cadette Dagmar (June Hedin). De simples archétypes dans la scène d'ouverture où la famille compte ses économies pour les échéances à venir, les personnages prennent un tour de plus en plus attachant au fil des trois actes.

Dans le premier Mama cherchera par tous les moyens à souhaiter bonne nuit à la petite Dagmar hospitalisée et à laquelle on lui interdit le contact avant le lendemain de son opération. On s'amuse des stratagèmes employés par cette mère mais le comique s'estompe vite face à son angoisse puis à cette scène d'une infinie tendresse où elle peut entonner sa berceuse, cette aura maternelle s'avérant universelle face aux yeux captivés des autres enfants de la chambre d'hôpital. Tout le film fonctionne ainsi, célébrant l'abnégation et l'amour de Mama capable de tout surmonter toutes les difficultés. Vu à travers le regard idéalisé de l'enfant, Mama semble pouvoir ressusciter les chats, sacrifier ses objets les plus précieux ou contribuer de manière surprenante à la carrière d'écrivain de sa fille. Jamais niais ni gratuitement mélodramatique le scénario st toujours authentique dans l'émotion, porté par une Irene Dunne habitée de bout en bout.

Parallèlement le film dessine une vision plus nuancée et amusée de cette communauté norvégienne expatriée avec ses personnages hauts en couleurs, les trois tantes coincées et acariâtres mais surtout l'Oncle Chris (Oskar Homolka dans un personnage inventé pour la pièce) dont la présence tonitruante dissimule un même souci des autres. Là aussi ces personnages naviguent du cliché comique et de la caricature vers quelque chose de plus authentique avec les bonheurs du mariage pour Trina (Ellen Corby), vieille fille à l'amour tardif. Même des acteurs secondaires du récit dégagent cette même bonté en dépit d'actes discutables comme le locataire Jonathan Hyde (Cedric Hardwicke) qui fera gouter aux joies de la lecture collective toute la famille. C'est par cette même voie que se conclura l'histoire bouclant la boucle à l'écoute d'une ultime histoire, celle de leurs propres souvenirs.

Sorti en dvd zone 1 Warner et doté de sous-titres français

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