Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

Pages

mercredi 23 novembre 2016

Mr. Denning Drives North - Anthony Kimmins (1951)

Ceci est l'expose des circonstances qui ont arraché Denning à sa bienheureuse quiétude pour lui imposer double rôle de chasseur traqué et de gibier poursuivant Ceci est l'histoire des événements qui ont amené surhomme à sangloter dans les bras de sa femme, cachant les yeux pour fuir la réalité, qui lui est de plus en plus intolérable encore que les cauchemars qui hantent ses nuits...

Mr. Denning Drives North est la première collaboration entre le scénariste australien Alec Coppel et le réalisateur Anthony Kimmins. Le duo donnera deux ans plus tard l'excellente comédie Captain Paradise qui ouvrira à Alec Coppel les portes d'Hollywood pour notamment deux prestigieuses collaborations avec Hitchcock avec La Main au collet (1955) et surtout Vertigo (1958). C'est donc bien dans le thriller que s'illustre Alec Coppel ici qui adapte son propre roman L'assassin court toujours. Le thème du film annonce d'ailleurs la dualité psychologique de Captain Paradise avec déjà un père de famille tiraillé, pas dans une culpabilité polygame mais criminelle où la quiétude du cadre familial ne peut lui faire oublier un acte meurtrier involontaire.

C'est lorsqu'il nous fait adopter le point de vue coupable de son héros que le film fonctionne le mieux. Le récit s'ouvre une frénétique scène de conduite sur une route nocturne déserte de Tom Denning (John Mills), l'agitation du personnage se ressentant par le découpage heurtée de Kimmins, la séquence évoquant le rêve tourmenté. Ce sera d'ailleurs plus explicite avec la séquence suivante, vrai scène de cauchemar où Denning se voit condamné à mort par un tribunal imaginaire. Avant de nous révéler ce qui ronge tant le riche industriel Tom Denning, Kimmins en dévoile divers éléments déclencheurs plus ou moins liés : l'activité stressante de sa société d'avion, le retour au foyer de sa fille Liz (Eileen Moore) dont on devine l'absence par un conflit familial.

Tout dans la mise en scène claustrophobe d'Anthony Kimmins ainsi que dans le jeu tendu à bloc de John Mills contribue à installer un climat anxiogène dont la seule lumière vient de l'épouse attentive jouée par Phyllis Calvert. La révélation du crime de Denning sera le sommet de ce climat oppressant. Soucieux d'éloigner de sa fille un amant douteux et perverti joué par Herbert Lom (qui en une courte présence à l'écran parvient à distiller le caractère détestable et intéressé de son personnage), Denning va accidentellement le tuer et la traversée nocturne d'ouverture était en fait un fragment de la difficile manœuvre du héros pour se débarrasser du cadavre. Entre urbanité expressionniste et échappée en forêt frôlant le fantastique (la saisissante apparition de la pleine lune) toute la séquence constitue un intense morceau de bravoure.

La culpabilité du personnage reposera donc sur cet acte fatidique, mais également sur une angoisse insoluble du fait que le cadavre semble n'avoir jamais été retrouvé. Denning va donc mener une enquête assez paradoxale, remontant la piste de son propre crime afin d'apaiser son esprit. Les idées formelles jouant sur la répétitivité du fameux trajet vers le nord de Denning participe subtilement à cet effet d'hypnose ressenti au départ. Malheureusement le film va perdre de son attrait en s'éloignant de cette veine psychologique pour se montrer maladroitement explicatif. Si cela est peut-être plus clair dans le roman, à l'écran c'est à se demander si le héros cherche vraiment à se faire démasquer tant il multiplie les maladresses le rendant bien visible aux yeux de la justice (notamment un policier joué par le futur "M" Bernard Lee).

C'est laborieux, bavard et particulièrement poussif dans côté explicatif artificiel (les scènes de procès sont interminables) et pire, la mise à mal intéressante de la cellule familiale initiale vire à la résolution gentillette et moralement douteuse. C'est vraiment un beau gâchis tant les prémisses étaient originaux et prenant. Heureusement comme précédemment évoqué Anthony Kimmins et Alec Coppel manieront avec plus de brio et d'audace des thématiques voisines dans la comédie Captain Paradise.

Sorti en dvd zone 2 anglais et sans sous-titres chez Network

Extrait

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire