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lundi 19 mars 2018

Fay Grim - Hal Hartley (2006)


Fay Grim élève seule son fils adolescent Ned, depuis que son mari Henry Fool est en fuite après avoir commis involontairement un crime. Mais Simon, le frère de Fay, emprisonné pour avoir aidé Henry à échapper à la police, s'interroge sur la véritable personnalité de celui-ci. Dans le même temps, la CIA prend contact avec Fay afin de mettre la main sur les carnets de note de Henry...

Fay Grim est la suite tardive du cultissime Henry Fool (1997), pic artistique et populaire d’Hal Hartley qui le verra friser la Palme d’or et remporter le prix du scénario au Festival de Cannes. Henry Fool avait à travers son héros-titre (Thomas Jay Ryan) développé une figure flamboyante et pathétique, un autoproclamé génie décontenancé par le vrai talent littéraire de Simon Grim (James Urbaniak), jeune homme mal dans sa peau qu’il a ouvert au monde. Henry Fool dégageait à la fois un vrai mystère contenu dans ses « mémoires » précieusement conservées dans des cahiers tout en se montrant particulièrement gauche côté sentimental dans sa relation avec Fay (Parker Posey). La fin ouverte du premier laissait voir ces deux facettes avec la fuite d’Henry.

Cette suite laisse tout d’abord voir les conséquences de cette disparition, judiciaire pour Simon emprisonné pour l’avoir aidé à fuir et intime pour Fay élevant désormais seule leur fils Ned. Fay Grim estompe à la fois le mystère de la fin ouverte du premier film mais aussi celui entourant le passé d’Henry. Les fameux carnets de ses mémoires contiendraient ainsi sous les digressions loufoques de vraies informations où ses pérégrinations à travers le monde s’avèrent réelles et peu flatteuses sur la politique américaine des dernières décennies. Contactée par la CIA, Fay est lancée malgré elle sur la piste des carnets manquants que divers agents, groupuscules et agences internationales. C’est donc vraiment la présence de personnages familiers qui maintiennent le lien avec un film d’espionnage loin du ton intimiste d’Henry Fool voire de la filmographie 90’s d’Hal Hartley.

Les multitudes de rebondissements, coup de théâtre et rencontres incongrues constituent donc un véritable voyage dans la psyché tourmentée d’Henry, son esprit imprégnant le film avant son attendue réapparition finale. L’incongruité de la progression du jeu de piste participe à cette idée mais également le filmage d’Hal Hartley. Le choix de la caméra numérique change complètement de la texture formelle de ses films 90’s et cadrage quasi ininterrompu en plan cassé de biais participe à ce côté quelque peu halluciné.  La remise en perspective formelle et narrative de son univers par Hartley est donc audacieuse et intéressante mais ne convainc pas totalement. 

Pour détourner les codes du film d’espionnage encore faut-il les installer rigoureusement avant de tout dérégler mais ici la mise en place est d’emblée trop laborieuse. Hormis le beau personnage de Bebe (Elina Löwensohn parmi les actrices fétches d’Hartley) tous les protagonistes sont des pantins sans profondeurs et l’ancrage géopolitique est assez maladroit - tout comme la topographie des différentes villes et pays traversés guère exploités. Du l’implication se dilue progressivement et il faut vraiment le retour d’Henry Fool dans la dernière partie pour vaguement relancer l’intérêt. Une suite qui paie un peu son audace finalement et n’égale pas son glorieux prédécesseur. Au vu d’une nouvelle fin ouverte, Hal Hartley apportera cependant un troisième volet à la saga avec Ned Rifle (2014) s’attardant sur le destin du fils tout en retrouvant l’ensemble des protagonistes. 

Sorti en bluray chez Possible Films 

 

1 commentaire:

  1. J’aime beaucoup ce film policier. L’intrigue est surprenante et je souhaite le regarder à nouveau. De plus, cette réalisation d’Hal Hartley a été présentée au Festival International de Toronto en 2006.

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